PIERRE-YVES BOHM
« Je traverse un monde aveugle et je peins. »
​Peinture, dessins, collages.
Exposition du 5 avril au 9 juin 2025
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« Je prends le temps. J’aime l’idée qu’on peut encore passer du temps.
Ce n’est pas ringard de ne pas courir. » (P-Y B)

Amour et la guerre, 2023, huile et technique mixte sur toile, 70 x 240 cm, photo Everarts, copyright Pierre-Yves Bohm et galerie Christophe Gaillard
Au temps de l’élaboration de l'œuvre par l’artiste dont les techniques réclament beaucoup de minutie répond celui de l’exploration par le public d’œuvres foisonnantes d’images et de détails.

La Folie du père, 2021, détail Technique mixte sur toile, Diptyque 130 x 160 cm, collection particulière, photo Everarts.

La Chute militaire, 2024, technique mixte sur toile, 100 x 65 cm, galerie Christophe Gaillard Paris-Bruxelles, photo Everarts.
En écho à la violence du monde, sa peinture se fait sombre. Des couleurs parfois chatoyantes dessinent sur la toile comme des impacts de shrapnel. Ses verts « ce n’est pas la chlorophylle » …« sous l’influence de la peinture ancienne, pour parler de la maladie et de la mort, le vert… avant la chair morte. »(P-Y.B).
La sensibilité de Pierre-Yves BOHM et son exigence intérieure de liberté le guident sur son chemin singulier, à l’écart des courants artistiques, mais pas des convulsions du monde.
Les titres de ses œuvres en témoignent : Volka Krigo (Nuage de guerre, La chute militaire, La folie du père, Amour et la guerre, Leurre Tueur II…

Sans titre, mai 2019, huile et technique mixte sur toile, 195 x 114 cm, photo Rebecca Fanuele@ADAGP, copyright Pierre-Yves Bohm et galerie Christophe Gaillard

« Volka Krigo » (Nuage de guerre), 07.2023, huile sur toile, 150 x 200 cm,
courtesy galerie Bruno Mory, Besanceuil, photo Didier Knoff
L’actualité s’invite dans ses toiles : Volka Krigo évoque la guerre en Ukraine. Une pluie grise et dense d’extraits de journaux s’abat sur un sol jonché de squelettes.

Leurre Tueur II, 07.2024, huile et technique mixte sur toile, 200 x 150 cm, photo Didier Knoff, copyright Pierre-Yves Bohm et
galerie Christophe Gaillard
Cette exposition donne une large place à des œuvres récentes, « un ensemble de puissante unité, une séquence presque entièrement en noir et blanc ou en grisaille »(J-P.L)

Sans titre, Dessin, 12.2024, fusain et encre sur papier d’Arches, 76 x 56,5 cm, photo Didier Knof
« Je ne veux pas cultiver la souffrance mais je suis plus près des gens qui souffrent, qui ont de la difficulté. »

Les différentes scènes de conflit dans le monde sont présentes dans La chute, mais aussi les problèmes climatiques et migratoires, toujours du côté des civils et de ceux qui souffrent. C'est un flux continu de mots liés les uns aux autres qui les évoque et les unit dans ce mouvement inexorable de chute d’un corps désarticulé.
![Pierre-Yves_BOHM-Photos-Everarts-15[2].JPG](https://static.wixstatic.com/media/02f9db_45dec4f2c15d4ca1a0a9a3ad522d94ab~mv2.jpg/v1/crop/x_108,y_0,w_1292,h_1422/fill/w_465,h_512,al_c,q_80,usm_0.66_1.00_0.01,enc_avif,quality_auto/Pierre-Yves_BOHM-Photos-Everarts-15%5B2%5D_JPG.jpg)
"La Chute", 2024, détail, huile et technique mixte sur toile, 205 x 65 cm, photo Everarts, copyright Pierre-Yves Bohm et galerie Christophe Gaill ard
​Il choisit l’engagement refusant la victimisation et place son attente dans l’humanisme : » Je crois en l’homme. Je peux parler de choses graves mais, avec la peinture, il y a toujours lumière et espoir. »
« Même s’il y a violence, mon travail va peut-être apaiser, filtrer cette violence. »
"La Chute", 2024, huile et technique mixte sur toile, 205 x 65 cm, photo Everarts, copyright Pierre-Yves Bohm et galerie Christophe Gaillard
Quand on lit sur le cartel d’une œuvre « technique mixte », on est loin d’imaginer la variété et la richesse de ces ajouts qui animent ses toiles : « amulettes, breloques, pendentifs, perles, poches, pointes, piques de métal, vignettes, fragments de tissus ou de miroirs, morceaux de bois, céramiques, fragments d’écrits… »(J-P.L)
Invitée
M U R I E L K L E I N H O L T Z
Dessins

Sans titre, 2018, dessin à l’encre de Chine et lavis, 14,8 x 21 cm
J’ai commencé à peindre et à dessiner, fin 2008, lorsque je suis entrée dans l’atelier de cours du soir de Pierre-Yves Bohm, à l’ESA (Tourcoing).
Je venais de rencontrer son travail lors d’une grande exposition organisée au MUBA (Tourcoing) et ce fut pour moi un choc.
À cette époque j’étais loin de la peinture, je fabriquais des bijoux avec de la matière textile récupérée et des bijoux anciens chinés que je décortiquais et que je rebrodais.
Je n’avais pas prévu que, désormais, j’allais tout stopper pour peindre et dessiner comme je respire…
Après avoir beaucoup travaillé sur papier, et principalement sur des petits formats, en mixant les techniques, je travaille depuis 2022, principalement, à l’huile, sur de grandes toiles sur châssis.
Généralement, dans mon travail, les gestes se superposent, s’effacent, réapparaissent, se recouvrent (comme un palimpseste, comme un empirisme), afin de construire mon territoire pictural.
Tout sauf la volonté de dire…
MK, le 11 mars 2025
PIERRE-YVES BOHM
"L’Inquiétante Étrangeté"
Exposition du 3 juillet au 19 septembre 2021 inclus.
"Je n’ai jamais eu la volonté de représenter des choses mais plutôt des chemins qui conduisent à telle ou telle sensation ; je n’envisage jamais aucune représentation de quelque chose de réel bien que parfois j’aie pu en avoir le désir."(P-Y. BOHM)

Pierre-Yves Bohm est né à Ronq (Nord) en 1951, dans un milieu « assez modeste ». Il interrompt ses études au lycée pour entrer à l’ERSEP où il anime aujourd’hui un cours et un atelier d’ « expérimentations plastiques ». Il a commencé par créer des assemblages de bois qu'il peignait pour passer progressivement à la toile peinte. Homme du Nord, ami d’Eugène Leroy avec lequel il parlait de lumière, il s’est vu consacrer une grande exposition en 2009 au musée des Beaux-Arts de Tourcoing. Il vit et travaille à Roubaix et en Bourgogne.
Chero Lirhta (Lumière fantôme en langue Rom, 2016, huile sur toile,
116 x 90 cm, Courtesy Galerie Bruno Mory
«C’était au départ un portrait classique, un visage qui comportait des traits, un visage féminin. Je n’étais pas content de cette toile ; pendant longtemps je ne l’ai pas aimée et j’avais commencé à presque la détruire. Je l’ai redécouverte longtemps après, voyant, en passant auprès, sa lumière jaune sur un fond rouge et j’ai dit : « Elle existe ». Elle existe comme une icône».
Pierre-Yves Bohm nous offre une œuvre singulière et complexe, engagée artistiquement et politiquement.
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«Je rejette toute conception ou lecture de ma peinture qui l’enfermerait dans un cadre trop rigide ou une appartenance à une conception de l’art qui serait limitée.»
Il éprouve « beaucoup d’insatisfaction par rapport au fonctionnement du monde », comme il le dit avec
pudeur. Il dénonce la violence des rapports humains, mais sans imposer ses idées :
«Moi je préfère mettre en interrogation que d’imposer une idéologie ».


Tête brûlée (diptyque 1), 1995, dessin brûlé, 75 x 75 cm.
Courtesy Galerie Bruno Mory
La figuration est une étape importante pour lui.
«Je ne suis pas assez intellectuel ou cérébral pour faire de l’abstraction pure. Je me sens obligé de partir de personnages, de visages…et de me raconter une histoire ».
Tête brûlée (diptyque 2, 1995, dessin brûlé, 75 x 65 cm.
Courtesy Galerie Bruno Mory
Une figure centrale pouvant évoquer une tête, un crâne, un personnage qui semble flotter ou danser sur la toile, se détache d’un fond très travaillé, parfois éclairé de taches colorées.; Au sein de ces formes, on découvre tout un monde miniature foisonnant, souvent inquiétant. La mort et la souffrance sont des thèmes récurrents.


«J’ai envie de vous montrer des choses qui sont longues à regarder, qui sont longues à réaliser, face à la vitesse, c’est une attitude politique ».
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Et il faut du temps pour regarder ses œuvres. « Il y a comme une espèce de leurre. S’ils prennent le temps de regarder, les spectateurs vont se rendre compte que ça parle d’autre chose. »
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Sans titre, 2011, huile sur toile, 195 x 130 cm
Courtesy Galerie Bruno Mory
« Peinture Kacht », septembre 2016, huile sur toile, 146 x 97 cm
​Courtesy Galerie Bruno Mory
« Comme je refuse le mensonge de la toile et de la peinture se résumant à sa seule face visible, je veux que ma peinture soit entière. »
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La technique aussi est complexe :Il découpe, colle, brode, enferme dans des entrelacs perlés, coud des fragments de tissus tels « des espèces de linceuls », laissant des cicatrices sur la toile, il la perfore de façon à faire jaillir la peinture de derrière la toile :
« Ce que je cherche à voir, c’est la couleur qui suinte ou qui perle comme de la sueur de couleur et qui fait vraiment partie de la toile, qui est derrière, qui traverse puis qui passe devant, comme si elle transpirait de la couleur, d’une couleur qui n’est peut-être pas visible frontalement ! Cela demande du temps pour être perçu, on peut ne pas voir la couleur. »
Sans titre, 2011, huile sur toile, 195 x 130 cm.
​Courtesy Galerie Bruno Mory

« Dans la création, ce qu’il y a de merveilleux, c’est qu’on n’est sûr de rien »

Il renouvelle sans cesse profondément sa technique. . Le propos sombre, inquiétant, contraste avec l’éclat lumineux des couleurs. Des titres non traduits, empruntés à un dialecte tzigane provenant de Bohème, renforcent l’impression d’étrangeté.
“Je suis pour que l’on puisse avoir une interprétation physique de mes œuvres, qu’elles ouvrent à un plaisir physique.”
P.Y. Bohm, Apocalypse, 2011, huile sur toile sur toile et fragments de toiles cousues,
150 x 300 cm.. Courtesy Galerie Gaillard,Paris. photo F. Kleinefenn
Centre d’Arts Plastiques de Royan – Direction : Jean-Pascal Léger
Espace d’art contemporain des Voûtes du Port, 19, quai Amiral Meyer, 17200 Royan
En hiver, ouvert du mardi au dimanche de 15 h à 18h - 05 46 39 20 52 et 06 76 75 43 47
Courriel : royan.cap@gmail.com
Correspondance à Jean-Pascal Léger, 1, avenue Fayolle, 94300 Vincennes